Les employeurs ont davantage de cartes en main qu’ils ne le croient pour faire évoluer très vite leurs pratiques environnementales. Et accessoirement pour permettre à leurs salariés de redonner du sens à leur travail. Cheffe d’entreprise et auteure du "petit manuel pour l’entreprise", Pascale Baussant nous explique pourquoi.
► Pascale Baussant dirige un cabinet indépendant de conseil en gestion de patrimoine, qui compte 6 collaborateurs. Elle souligne que son cabinet est "engagé depuis longtemps dans la finance durable" et l'investissement socialement responsable (ISR). Le cabinet est membre du 1% pour la planète, dont Pascale Baussant est également administratrice. Elle vient de publier, en mars 2020, Petit manuel pour l’entreprise, comment agir pour le climat ?, aux Éditions EMS. |
Pascale Baussant : J’en suis persuadée. Et ce livre est avant tout un partage d’expérience. Je suis cheffe d’une entreprise de gestion du patrimoine qui compte six collaborateurs. C’est presque la taille d’une famille. À partir du moment où la volonté du dirigeant est là, on prend des décisions très vite. Nous n’avons pas l’inertie des grands groupes, même si eux-aussi pourraient en faire davantage. Ils se fixent souvent des objectifs en termes par exemple d’efficacité énergétique, mais ils font peu évoluer leurs pratiques environnementales au quotidien. Ils y ont intérêt pourtant. Nos futurs collaborateurs nous attendent au tournant. Début 2019, le collectif d’étudiants à l’origine du Manifeste pour un réveil écologique a par exemple publié un guide de questions à poser lors d’un entretien d’embauche. Le système est en train de s’inverser. Les salariés nous demandent des comptes.
Pascale Baussant : Non, c’est une volonté personnelle. Une recherche de cohérence. Pour autant, s’il n’y a pas eu de demande de mes collaborateurs, l’adhésion a été spontanée. Comme on ne faisait rien, on a pu partir d’une feuille blanche. Une opération brainstorming nous a permis d’établir une liste de sujets très pratiques : achat de papier recyclé, suppression des bouteilles plastique… C’était il y a cinq ans et aujourd’hui encore, on fait une réunion tous les deux à trois mois où l’on ne parle que de développement durable. Tout le monde s’y est mis et c’est cette dynamique collective qui fait avancer. Pour mon livre, j’ai interviewé un sociologue qui pose la question du bien-être au travail. Il insiste sur la nécessité de tendre la perche à ses salariés qui se sentiront mieux s’ils ont le sentiment de faire avancer la situation. Au contraire des décalages qui se créent chez ceux qui font des efforts à la maison et qui constatent que leur entreprise ne fait rien.
Pascale Baussant : Le mieux est de partir sur des petites choses qui nous inspirent, qui ne prennent pas trop de temps et que que l’on peut classer en trois familles : les actions gratuites ou qui permettent même de gagner de l’argent, celles qui sont peu coûteuses et celles qui le sont davantage. Les premières sont les plus simples à mettre en place. Supprimer son logo en bas des mails limite la pollution numérique. Choisir une police de caractères économe en encre permet d’économiser 25 à 30 % sur ses impressions. Pour une grande entreprise, ça peut être compliqué car il faut respecter une charte graphique. De notre côté, on en a essayé quatre et on a choisi celle qui nous plaisait le plus. Parallèlement, on a misé sur le moteur de recherche Ecosia qui finance la plantation d’arbres… sans obliger ceux qui n’avaient pas envie de franchir le pas. Quand on ne peut pas faire quelque chose, on en fait une autre et ce n’est pas un drame.
Pascale Baussant : Ce ne sont pas les plus nombreuses et ça dépend vraiment des habitudes de l’entreprise. En ce qui nous concerne, nous sommes passés au nettoyage écologique de nos bureaux (cela parle à tout le monde car ces produits chimiques, on les respirait à longueur de journée). Il y a deux possibilités : demander à sa société de nettoyage de changer ses pratiques ou passer un nouveau contrat. C’est ce que nous avons fait et cela nous coûte moins cher aujourd’hui. Nous nous sommes aussi débarrassés des bouteilles en plastique au profit d’une fontaine à filtrer d’eau et de gourdes (made in France, avec Gobi) qui ont au passage l’avantage de faire passer des messages à l’extérieur de l’entreprise. Dans le livre, j’ai classé ces mesures parmi les peu onéreuses, mais en ce qui nous concerne, cela nous a permis de faire des économies. D’autres questions sont plus problématiques, mais les start-ups ne manquent pas d’imagination. Je pense par exemple à la société Auum qui proposera d’ici la fin de l’année un nettoyeur instantané de verres fort utile pour les salariés qui boivent quatre cafés par jour et qui n’ont pas forcément de point d’eau pour laver leur mug.
Pascale Baussant : J’ai parlé de mesures gratuites qui permettent à tout le monde de démarrer, mais les entreprises peuvent aller beaucoup plus loin, en achetant de l’électricité verte ou en s’investissant dans le mécénat environnemental. Je les encourage aussi à proposer à leurs salariés des journées d’action pour la planète qui permettent de toucher du doigt l’environnement. La Fondation Nicolas Hulot propose par exemple gratuitement des activités de nettoyage ou d’éveil à la biodiversité auxquelles on peut associer les collaborateurs sur leur temps de travail. Cela a un impact fort, y compris pour la cohésion d’équipe. Le curseur, c’est à chaque société de le mettre là où elle veut. Et de s’engager plus ou moins selon les années… En insistant sur le fait que même sur ce qui est coûteux, la dynamique peut rester collective.
Environnement
La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)
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